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Ce blog se propose de faire découvrir quelques films muets
moins connus depuis les débuts du cinéma jusqu'en 1930 environ (à ce jour plus de 1'000 films, serials et shorts ...) ainsi que quelques films sonores. Le but était de lister 1'000 films incluant un descriptif ainsi qu'un commentaire écrit sans prétention. C'est chose faite depuis la fin janvier 2022 !

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mercredi 17 février 2021

Seven Footprints to Satan - Benjamin Christensen - 1929

 


James Kirkham est un riche héritier qui projette de se lancer dans une expédition en Afrique, au grand dam de sa fiancée Eve Martin et de son oncle Joe. Celui-ci essaie bien de le faire changer d'avis mais peine perdue, il continue à s'entrainer au tir pour être sûr de mettre toutes les chances de son côté.

Un soir avant le départ, Eve vient trouver James et lui demande s'il peut confirmer l'identité du Professeur von Viede de Dresden. Pour cela elle lui montre une photo et James a des doutes. Tous deux se rendent chez le père d'Eve qui possède de magnifiques pierres précieuses. Justement, au cours d'une soirée huppée, il montre une émeraude au Professeur. James s'approche et lui demande s'il va bien. Et comme il voit que son interlocuteur a de la peine à trouver son nom il le considère comme un imposteur. Aussitôt le Professeur est arrêté mais il s'ensuit un grand désordre et une mêlée indescriptible au sein de l'assemblée. Eve et James filent à la voiture d'Eve où son chauffeur attend. A peine à bord, ils se rendent compte que la voiture a des volets d'acier et qu'il leur est impossible d'ouvrir une fenêtre ou les portières. Prisonniers, ils finissent par être débarqués dans une maison bien étrange où ils ne sont pas au bout de leurs surprises...

 


Je m'arrête là car la suite est difficile à résumer sans dévoiler un pan de l'histoire. Je ne savais pas à quoi m'attendre en m'embarquant dans ce film. Au départ tout cela ressemblait à une allégorie. L'idée m'est ensuite venue que le scenario tenait du train fantôme ... mais finalement c'est l'aspect du jeu qui s'est imposé, un espèce d'escape-game plus grand que nature à huis clos dans un labyrinthe qui se modifie en permanence.

Les images et les cadrages, l'esthétique et le rythme de l'action sont bluffants, ainsi on ne sait pas s'il faut rire ou s'inquiéter pendant une grande partie du film, même si le rire l'emporte souvent grâce aux expressions marquées et sérieuses des protagonistes. Et croyez-moi, des protagonistes il y en a de tout poil, de tout genre, de toute taille et de tout aspect ! Le twist final n'est pas une grande surprise en soit, mais j'avoue m'être laissée bernée.

Un peu pierrot lunaire, Creighton Hale a visage poupin et naïf accentué par les lunettes qu'il porte, ce qui rajoute beaucoup au contraste avec les autres qui ont tous l'air inquiétants, à l'exception de Thelma Todd, bien sûr. Et comme toute l'action se passe de nuit en faisant jouer les ombres et les lumières, cela ajoute beaucoup aux apparences. 

Au final le tout apparait comme une partie de cache-cache géante dans des décors plein de surprises tant le réalisateur réussit à nous perdre dans le dédale des étages, des salles, des chambres et des couloirs.

 

Loretta Young et Julian Rivero apparaissent dans ce film basé sur un roman écrit par Abraham Merritt et filmé par le fameux Sol Polito.

On trouve une magnifique version de la Fondazione Cineteca Italiana avec cartons en italien en ce moment sur Youtube

Ainsi vous découvrirez quels sont les 7 pas, ou les 7 marches qui mènent à Satan !


60 minutes


Thelma Todd ... Eve Martin

Creighton Hale ... James Kirkham

Sheldon Lewis ... The Spider

William V. Mong ... The Professor

Sôjin Kamiyama ... Sojin (as Sojin)

Laska Winter ... Satan's Mistress

Ivan Christy ... Jim's Valet

DeWitt Jennings ... Uncle Joe


mercredi 1 juillet 2015

Häxan - Benjamin Christensen - 1922


Un documentaire en 7 tableaux qui démystifie la sorcellerie en décrivant la chasse aux sorcières et l'influence du diable à travers les siècles jusqu'à nos jours (1921).
Le réalisateur semble vouloir partager ses connaissances et ses découvertes avec le spectateur.  Il débute le premier tableau avec de nombreuses fresques et gravures du Moyen-Âge, puis poursuit avec des cas concrets qui démontent que n'importe qui pouvait être suspecté d'avoir conclu un pacte avec le diable. Quels que soient les cas, il est facile de faire passer n'importe quel acte par de la sorcellerie lorsqu'une autorité respectée (souvent par la force des choses) le déclare comme tel. Du coup certaines scènes apparaissent presque humoristiques. Évidemment la chasse aux sorcières cible principalement les femmes, souvent âgées et de conditions très modestes.
Personne ne veut être une sorcière mais bien sûr il est aisé de soupçonner la voisine de l'être lorsqu'on vient de perdre son mari dans des conditions qui dépassent l'entendement. Bref, tout ce que la raison ne sait appréhender est susceptible d'être l’œuvre du diable.

On verra des nonnes possédées, un moine éprouver des émois et demander à être flagellé pour ne pas être la proie à des sentiments diaboliques, etc.
Les choses se corsent lorsque les moines se mettent en tête de tirer des aveux des personnes soupçonnées d'avoir conclu un pacte avec le diable. Du coup, sous la torture certaines avouent n'importe quoi et font porter les soupçons sur leur dénonciateurs ou sur des gens qu'ils n'apprécient pas. Les instruments de torture ne manquent pas car franchement dans ce domaine les hommes ont toujours su faire preuve d'imagination.

Le film termine en ramenant le spectateur en 1921 avec le cas d'une personne atteinte d'hystérie. Ses visions et son comportement semblent très similaires à ceux décrits dans la partie avec les nonnes possédées par le diable. Une diseuse de bonne aventure nous rappelle que nous sommes toujours superstitieux.

Alors quels progrès depuis 1921 ? La culture et la connaissance ont-elles pris le pas sur la superstition ? La prière et l'amour nous ont-ils fait grandir ? Sommes-nous à l'abri du diable et de sa cohorte d'esprits maléfiques ? 

En 2015 le diable est encore bien présent, par exemple aujourd'hui, le 21 juin 2015, avec ce gros titre dans les journaux : Le-diable-ne-peut-pas-s-emparer-de-votre-eglise après la tuerie de Charleston, perpétré par un jeune homme raciste. Un titre manipulateur qui ne parait pas très en rapport avec le drame d'ailleurs.

Le diable c'est qui dans le fond ? J'imagine qu'on peut le voir partout, ou nulle part. Le diable c'est un peu nous tous lorsque nous manquons de discernement et que la peur prend le dessus sur la raison et que nous condamnons sans savoir.
De nos jours le diable c'est aussi un peu le spectre menaçant invisible qui est brandi par certaines personnes influentes pour manipuler les gens crédules et ignorants afin de les maintenir sous leur coupe grâce à la terreur que certains événements inspirent. Le diable est donc toujours bien présent, la chasse aux sorcières se perpétue !

A noter que grâce aux images très bien restaurées, on se croirait à de nombreuses reprises dans des tableaux de Johannes Vermeer !

Sépia
Documentaire
Titre français : La sorcellerie à travers les âges
Titre le plus connu : Häxan: Witchcraft Through the Ages

101 minutes


Maren Pedersen ...
Heksen / The Witch
Clara Pontoppidan ...
Nonne / Nun
Elith Pio ...
Heksedommer / Witch Judge (The Young Monk)
Oscar Stribolt ...
Graabroder / Doctor (The Fat Monk)
Tora Teje ...
En hysterisk kvinde / Modern Hysteric (The Kelptomaniac)
John Andersen ...
Chief Inquisitor (as Johs Andersen)
Benjamin Christensen ...
Djævlen / The Devil
Poul Reumert ...
Juveler / Jeweler
Karen Winther ...
Anna
Kate Fabian ...
Gammel jomfru / Old Maid
Else Vermehren ...
Nonne / Nun
Astrid Holm ...
Anna
Johannes Andersen ...
Heksedommer / Witch Judge
Gerda Madsen ...
Nonne / Nun
Aage Hertel ...
Heksedommer / Witch Judge


mercredi 24 juin 2015

Hævnens Nat - Benjamin Christensen - 1916


Dans le gros de l'hiver au cours d'une nuit glaciale, un homme fuit en emportant dans ses bras un bébé emmitouflé.
Ses pas l'emmènent auprès des Lindens (les Tilleuls), une maison de campagne habitée par le Dr West. Ce soir-là le Docteur reçoit quelques amis ainsi que sa nièce Ann. Dans le journal, un article rapporte l'évasion d'un criminel ayant perpétré un crime atroce, un certain Strong John, l'homme fort mais simple d'esprit d'un cirque qui aurait emporté son fils dans sa fuite.
Seule Ann exprime de la compassion pour le fugitif qui n'est autre que l'homme rôdant autour de la villa. Celui-ci réussit à s'introduire à l'intérieur et à se cacher dans le grenier. Voyant son bébé mal en point il descend doucement dans les pièces du bas et pénètre dans une chambre. Dans un petit coffre tombé à terre il découvre une lettre d'un certain Richard adressée à une femme nommée Ann qui laisse à penser que celle-ci aime beaucoup les enfants. 
Plus tard alors que la maison semble endormie, John redescend et tente de s'introduire dans la chambre de ladite Ann mais la jeune femme craignant le rôdeur dont parle le journal en a barricadé la porte. John sort alors à l'extérieur et rentre par la fenêtre tandis que la pauvre Ann essaie de quitter la pièce.
Le pauvre homme jure sur l'honneur ne pas être coupable du crime odieux qu'on lui attribue et se montre suppliant si bien qu'Ann décide de l'aider à se procurer du lait pour le bébé. Malheureusement son oncle ne dort pas et comprend de suite, en voyant le biberon dans les mains de la jeune femme, que l'homme recherché par la police se trouve dans la maison. 
Il persuade sa nièce de retourner dans la chambre où elle remet le biberon à John qui, terriblement touché par sa confiance, se montre empli de reconnaissance. Il déchante vite en sortant de la pièce lorsqu'il se retrouve saucissonné par les hommes qui l'entourent et le menacent avec des revolvers. Avant d'être emmené il promet de revenir et de passer une corde au cou de la pauvre fille.

14 ans plus tard, John est libéré de prison. C'est maintenant un homme prématurément vieilli qui a de la peine à se déplacer. Il a été partiellement blanchi du crime car de nouveaux éléments sont apparus durant l'enquête. John sort de la prison et se rend dans un magasin de jouet où il souhaite acheter un présent pour son fils. Comme il n'a aucune idée de son âge il achète un ours en peluche.
Arrivé à l'orphelinat, on lui apprend que son fils a été adopté. Malheureusement avec l'accord de la commission d'adoption, le couple ayant emporté son fils est resté anonyme.
Désespéré, John erre sans but en ville lorsqu'il se heurte à un vieux copain de prison avec lequel il a travaillé à l'atelier de menuiserie. Cet homme est associé avec Slim Sam Morton, un voleur connu des fichiers de la police. John est accepté au sein de la bande.
Peu de temps après, Slim Sam dont l'une des activités les plus lucratives est de dérober des chiens pour les revendre, voit une petite annonce postée par Richard, devenu depuis le mari de Ann. Il indique rechercher un chien de garde qu'il souhaite offrir à sa femme qui craint toujours la vengeance de l'homme arrêté 14 ans plus tôt.

Pendant ce temps un certain Wilken, un dresseur d'éléphants oeuvrant au cirque où travaillait John, apprend par les journaux sa libération liée à de nouvelles pistes concernant le meurtre. Dès lors son angoisse l'emmène de bar en bar dans l'espoir d'oublier qu'il est le vrai coupable du crime qui a mis John derrière les barreaux et lui a enlevé son fils.
Slim apporte l'un de ses nombreux chiens à Richard. Pendant que le brave homme va chercher de quoi le payer, Slim a le temps de parcourir une lettre trainant sur un petit bureau dans laquelle il lit que la maison de la ville va être fermée bientôt car Richard va rejoindre sa femme aux Lindens.  Du coup la bande décide de la piller dès son départ.
Les hommes entassent des chandeliers et divers bibelots dans une charrette gardée par John. Dans le butin, le simple d'esprit découvre le petit coffre de Ann qui lui rappelle immédiatement les événements ayant conduits à son arrestation. Sa mémoire revenue, le pauvre homme se souvient aussitôt qu'il avait promis de passer une corde autour du cou de la jeune femme ...



Un film sombre réalisé et écrit par un homme talentueux et inventif, Benjamin Christensen, qui joue aussi le rôle du simple d'esprit. On le voit travailler en compagnie de Karen Caspersen sur une maquette de la maison des Lindens durant les première minutes du film.

Force est de constater que ce film est développé autour de sentiments humains simples; bien cernées, les motivations des personnages sont limpides. Au final on a l'impression que les protagonistes principaux suivent une voie dictée par un concours de circonstances qui va diriger les destins et les comportements sans aucune alternative possible. Il est d'ailleurs impossible de faire abstraction de ces éléments extérieurs tant ils ont de prise sur les personnages. A leur manière, Ann et John démontrent de l'empathie, de l'amour et de la confiance en leurs prochains. Malheureusement ces qualités n'appellent pas forcément les mêmes conséquences. Ainsi si l'innocence de l'une rapporte l'amour d'un mari aimant, l'innocence de l'autre le mènera à sa perte.

Quelques scènes sont bien tristes. Celle qui voit John passer dans la rue en tenant l'ours en peluche suivit par les regards d'une multitude d'enfants de l'orphelinat, où celle qui voit une petite fille le prendre par la main avant que la nourrice le chasse comme un malpropre. Les scènes de tristesse alternent avec les scènes de bonheur des deux parents qui s'occupent de leur petite fille et de leur fils adoptif avec amour, de même les scènes de froid et de neige au début alternent-elle avec la chaleur de l'intérieur de la maison.

Par ailleurs, on suit avec plaisir ce film truffé de détails intéressants datant de cette époque, comme le fait de devoir appuyer sur le ressort pour pouvoir parler dans le téléphone (chose que visiblement John ignore, la dame du central téléphonique n'entend pas son interlocuteur et lui indique la façon de procéder).

Le suspens final est stupéfiant. Dick et son fils se montrent plus qu'ingénieux pour s'évader, la scène est fascinante, très recherchée et visuellement époustouflante !

Bien que plutôt sombre, le film possède une immense richesse de détails (ainsi John découvrira-t-il la chambre de Ann après qu'un valet ait tenté d'y embrasser une soubrette). Il nous emmène aussi au cirque où l'on verra des crocodiles et un numéro très poétique des frères Wong. Les mouvements de caméras sont permanents et jamais statiques. J'aimerais voir encore beaucoup de film de et avec M. Christensen !

Edition Filmmuseum

titres américains :
Blind Justice et/ou Night Revenge

100 minutes

Benjamin Christensen ...
Strong Henry / Strong John Sikes (US version) (as Benjmain Christie)
Karen Caspersen ...
Ann (as Karen Sandberg)
Peter Fjelstrup ...
Dr. Richard West (US version) (?)
Charles Wilken ...
Prof. Wilken, elephant trainer (US version) (?)








mercredi 17 juin 2015

Det Hemmelighedsfulde X - Benjamin Christensen - 1914



Titre français : Le Mystérieux X

Titre USA : The Mysterious X
Titre DVD : Sealed Orders

La guerre pointe le bout de son nez. Pendant que son père, le Lieutenant van Hauen écrit son testament avec l'aide du notaire, son fils ainé joue avec le drapeau danois qu'il coiffe sur la tête de son chien. Après avoir terminé le document officiel le père s'approche de son fils et lui explique l'importance du drapeau. Le petit garçon le remet soigneusement à sa place tandis que le Lieutenant remet le testament à sa femme qu'il aime. Malheureusement celle-ci a eu le malheur de promettre un portrait d'elle-même à un admirateur doublé d'un espion, le Comte Spinelli, qui la harcèle sans cesse depuis afin de la revoir malgré que la jeune femme lui ait expliqué aimer son mari et ses deux garçons. 
Le Comte Spinelli utilise un moulin situé sur sa propriété pour abriter des pigeons voyageurs qui permettront de transmettre des informations vitales aux ennemis. Il est grassement payé par une puissance étrangère pour ses services. 

Lorsque la guerre est déclarée, le Lieutenant est appelé sous les drapeaux. Son père, Vice-Amiral de la marine lui remet des document secrets.
Pendant ce temps le Comte Spinelli s'introduit subrepticement chez les Van Hauen et surprend Madame van Hauen seule à la maison. Il tente une approche non sollicitée avant de se cacher derrière la cheminée juste avant que le fils ainé ne fasse son apparition pour une dernière prière.
Mais alors que la pauvre femme embarrassée se cramponne à son fils, son mari revient à la maison. Il dépose les documents secrets sur le manteau de la cheminée et le couple s'en va coucher le garçon.
Dans les bras du petit frère le père trouve un éléphant découpé par la bonne dans une lettre adressée à sa femme par le Comte Spinelli. Le Lieutenant est sous le choc après avoir lu les bribes restantes adressées à sa femme par l'espion manipulateur.
Pendant ce temps Spinelli ouvre le document secret et prend note du plan d'action avant de le remettre à sa place. Lorsque van Hauen sort de la chambre de ses garçons il tombe sur Spinelli qu'il prie de rester dans l'ombre pour éviter le déshonneur à sa femme lorsque son adjoint vient le rechercher pour embarquer sur un navire de guerre.

Délaissant la jeune femme effondrée, Spinelli retourne au moulin pour envoyer l'information secrète à son correspondant à l'aide d'un pigeon voyageur. La division II attaquera par le Sud, Sud-Ouest. Mais alors que Spinelli descend au sous-sol du moulin, un courant d'air referme la trappe que la porte d'accès à la pièce empêche de se rouvrir. L'espion est coincé.

La bataille est imminente, le lieutenant est à bord d'un cuirassé qui va appareiller. Le pigeon voyageur passe au-dessus d'un campement danois et l'un des soldats s'amuse à le descendre. Lorsque le message est découvert sur le pauvre volatile, la nouvelle remonte jusqu'au Vice-Amiral qui a bien de la peine à croire son fils coupable de traitrise. Pourtant lorsqu'un officier demande au Lieutenant d'ouvrir son coffre et de lui remettre son ordre de mission, force est de constater que l'enveloppe a été ouverte. Le Lieutenant est arrêté.

La nouvelle de son arrestation est dévastatrice pour sa femme et son fils ainé qui est moqué par ses camarades de classe ...

 L'un des films les plus puissants et les plus percutants vu ces derniers mois. Tourné en 1913, il est innovant et passionnant dans tous les sens du terme. Je crois n'avoir jamais vu jusqu'ici un film de cette époque qui possède toutes ces qualités et autant de thèmes abordés : la guerre, l'espionnage, l'adultère, la vie de famille, la loyauté, l'honneur, l'amour filial et parental, la grandeur d'esprit, et bien sûr l'amour entre un homme et sa femme.
Un peu lent à se mettre en route durant le début pendant lequel on nous présente la famille heureuse, le film passe à la vitesse supérieure dès le moment où l'action est posée; il devient alors impossible de lâcher l'écran des yeux. Captivante, l'action va crescendo jusqu'à la fin, avec un pic qui culmine lors de la visite surprise de Spinelli chez les van Hauen. Le mélodrame dans toute sa splendeur.

J'ai particulièrement apprécié les détails apportés aux différents personnages, le suspens parfaitement maitrisé et l'humanité déployée tout au long des 84 minutes que dure ce film. En se basant sur les films de cette époque qu'il est possible de voir de nos jours, on ne voit pas quel réalisateur aurait pris le temps de montrer la peine du fils ainé avec tant de finesse et lequel lui aurait accordé autant de place dans ce rôle. La scène tournée en classe est particulièrement réaliste. 

C'est un film largement en avance sur son temps qui démontre une maitrise des images et de la caméra tout à fait exceptionnelle. Christensen joue avec la lumière et les ombres, sa caméra n'a pas peur de la nuit et les gros plans alternent naturellement avec toute sorte de plans, dont de nombreux en contre jour. Il se paie en outre le luxe de dessiner le rêve de l'éléphant de Madame, et les paroles glissent le long des fils du téléphone ! Imaginez que le cinéma n'a que quelques années et que ce film est le premier film de M. Christensen et vous comprendrez tout ce que ce film a de remarquable !

Benjamin Christensen/van Hauen est un homme d'une très belle prestance et d'une grande classe. Très noble, il reste stoïque durant son arrestation et cherche à couvrir le déshonneur qui est tombé sur sa famille par le biais de sa femme jusqu'au bout.
Il parait que Christensen chantait de manière exceptionnelle (il était chanteur d'opéra), à tel point que Caruso qui l'entendit chanter à travers la cloison d'une chambre d’hôtel voisine à Paris voulut l'engager dans sa prochaine production. Gêné, Christensen refusa car il souffrait d'un trac terrible une fois sur scène malgré son passé de chanteur et d'acteur de théâtre.

On peut voir cet acteur intriguant et remarquable dans Michael - Carl Theodor Dreyer - 1924

Plus d'infos sur le réalisateur/acteur/écrivain sous
ou
ou encore si vous lisez l'allemand un texte très intéressant http://de.rec.film.misc.narkive.com/OdV4y4BF/das-dokument-des-grauens-17-haxan-1922#post1

Parmi les films que Christensen a réalisé (avec un goût certain pour les sciences occultes) citons Häxan (1922), Seven Footprints to Satan (1929) and The Devil's Circus (1926). 

Benjamin Christensen a tourné sous les noms de
Richard Bee, Benjamin Christiansen, Benjmain Christie

Karen Caspersen se montre parfaite dans le rôle de cette femme dépassée par les événements jusqu'à ce qu'elle prenne son destin en main.  Cette actrice danoise a tourné dans 39 films avant de décéder dans l'incendie d'une maison.

Les images sont de Emil Dinesen, il semble que ce soit l'unique film qu'il ait photographié.

Le X c'est bien sûr les ailes du moulin qui se détachent sur le ciel.

Il existe de belles versions DVD de ce film, et par chance on peut voir actuellement ce film sur Youtube (ne pas oublier de mettre les sous-titres si on ne souhaite pas voir ce film avec des intertitres danois !)

84 minutes

Benjamin Christensen ...
Løjtnant van Hauen
Karen Caspersen ...
Fru van Hauen
Otto Reinwald ...
Ældste søn
Fritz Lamprecht ...
Kontreadmiral van Hauen
Amanda Lund ...
Gamle Jane, barnepige
Hermann Spiro ...
Grev Spinelli
Bjørn Spiro ...
Yngste søn, Johnny
Charles Løwaas ...
Flådeofficer
Holger Rasmussen ...
Flådeofficer
Svend Rindom ...
Lærer
Robert Schmidt ...
Sagfører

jeudi 16 août 2012

Michael - Carl Theodor Dreyer - 1924



Walter Slezak ...
Michael
Max Auzinger ...
Jules - Majordomo
Nora Gregor ...
Princess Lucia Zamikoff
Robert Garrison ...
Charles Switt - Journalist
Benjamin Christensen ...
Claude Zoret
Didier Aslan ...
Duc de Monthieu
Alexander Murski ...
Mr. Adelsskjold
Grete Mosheim ...
Mrs. Alice Adelsskjold
Karl Freund ...
LeBlanc - Art Dealer
Wilhelmine Sandrock ...
Widow de Monthieu

86 minutes

Didier Aslan
Une soirée chez un peintre célèbre, Claude Zoret. Sont présents le Duc de Monthieu, Monsieur et Madame Adelsskjold, le journaliste Switt et bien sûr le modèle et l'inspiration de Zoret, Michael.
Pendant le repas une image de tête de mort circule parmi les convives. Chacun y va de son commentaire face à la grande faucheuse. Madame Adelsskjold craint le pire sans savoir pourquoi, le
Duc n'a pas peur car selon une malédiction qui plane sur sa famille il sait que le dernier des Monthieu croisera la mort lorsqu'il aura connu un grand bonheur et le journaliste indique simplement que pour lui la mort est le dernier chapitre de la vie. 
Une princesse, Lucia Zamikow, demande à rencontrer Zoret qui refuse tout d'abord de la rencontrer et de la peindre. Toutefois il finit par accepter de faire son portrait. Visiblement elle ne peut quitter Michael du regard et Michael tombe fou amoureux d'elle. De son côté le duc ne peut quitter Madame Adelsskjod des yeux et celle ci a bien de la peine à soutenir ses regards ardents.
Michael se détache petit à petit de Zoret et s'endette pour entretenir la princesse. De son côté le Duc se consume d'amour pour Alice qui finit par céder, bien qu'elle soit mariée. 
Petit à petit le monde de Zoret se lézarde mais il reste empli d'amour pour Michael ...



C'est une histoire qui dépeint de nombreuses expressions de l'amour, des amours parentaux aux amours de jeunesse. Lorsque Michael tombe sous le charme de la princesse Zamikow, Zoret n'arrive pas à peindre les yeux de la jeune femme et c'est Michael qui va les esquisser avec facilité et terminer ainsi le tableau. Les yeux c'est l'âme, et Michael, amoureux, perçoit bien sûr le regard que lui porte la princesse.
Il est mentionné une fois que Switt vivait avec l'artiste auparavant et que Zoret ne souhaite pas mourir sans laisser au monde un enfant ... alors bien sûr chacun est libre de voir ce qu'il souhaite voir ou imaginer au sujet de cet amour que certains qualifient de gay ! De toutes manières le cas échéant ce détail n'a aucun intérêt car ce film me parait davantage une métaphore.

Le parcours du peintre Claude Zoret est exemplaire (on le verra prendre conscience que Michael lui échappe ou plutôt se détache de lui, un Christ -sans tête il me semble ?- sur le mur derrière lui). Son amour est pur et noble, jamais il ne se montrera possessif et aucun reproche ne sera jamais adressé au jeune homme bien que celui-ci le pille sans vergogne. Zoret dit lui-même avoir connu ses plus belles années quelque temps auparavant, alors qu'il peignait ses plus belles oeuvres, celles qui ont la plus grande valeur pécuniaire aux yeux des marchands d'art.
Il peut mourir tranquille car il a vu, ou connu, un grand amour. Son abnégation lui permettra de peindre un dernier chef d'oeuvre, une toile représentant un homme âgé, vêtu de haillons sur une plage. Je ne doute pas une seconde que le sable n'est pas loin de représenter la poussière et qu'il s'agit bien là de Zoret lui-même au seuil de la fin de sa vie. La mère du Duc de Monthieu ne s'y trompe pas et déclare voir en ce tableau un homme qui a tout perdu, tout en demandant si quelqu'un a vu son fils. Bien sûr Alice répond que non, sachant qu'il est en train de se battre en duel contre son mari et qu'il se laissera abattre sans même tenter de lever son pistolet pour esquisser sa défense pour rencontrer un destin créé par lui-même et une légende familiale.

Dans le film, les critiques soulignent que jamais jusqu'ici Zoret n'avait peint de si beau cieux et se réfèrent à ceux peints des années auparavant à Algiers.
Si les cieux sont aussi beaux que ceux peints quelques années auparavant c'est donc que Zoret s'est retrouvé en se surpassant pour atteindre une dimension supérieure, faite d'abnégation et que seule une certaine sérénité permet d'obtenir. J'irai même jusqu'à dire qu'il a transcendé son amour. D'où le fait de pouvoir mourir tranquille.
Jusqu'au bout Zoret couvrira les actes de Michael, ce que celui-ci aura bien de la peine à accepter. On peut le comprendre aisément dans le sens qu'il est certainement plus facile de quitter un homme qui vous considère comme son fils ou un prolongement de lui-même en lui trouvant quelques mauvais côtés. Or Zoret reste égal à lui-même jusqu'au bout, ce qui a bien de quoi perturber le pauvre Michael qui ressemble de plus en plus à un enfant qui ferait tout ce qu'il peut pour tester son père. Il finit d'ailleurs dans les bras de la princesse comme un enfant perdu à la fin.
En comparaison les amours de Michael et de la princesse paraissent donc bien petits, même s'ils ont la jeunesse et la passion pour moteur.

On suit donc ces parcours ou tracés d'amours parallèlement :
La jeunesse de Michael fait qu'il est tout excusé par Zoret. Bien sûr comme Zoret, on comprend ses émois et son besoin de retrouver la princesse. De même qu'on comprend l'amour éprouvé par le Duc (joué par Didier Aslan, un homme extrêmement séduisant entre parenthèses) pour Alice Adelsskjold. L'un idéaliste (le Duc) finira sous les balles du mari avec les honneurs, alors que l'autre ayant perdu la tête (Michael) tombera sous la coupe de la femme qu'il aime en s'étant quelque part perdu lui même.
Seul Zoret obtiendra d'une certaine manière la grâce, grâce à son amour inconditionnel.

Au final, on comprend donc qu'un amour a autant de façons de s'épanouir que de personnes pour le vivre. Il n'y a pas un amour, mais une multitude d'amours, certains plus sages, d'autres plus fous, certains font grandir et d'autres vous consument.

Walter Zezlak a un visage poupin peu expressif.  Âgé de 22 ans, il poursuivra une belle carrière aux Etats-Unis quelques années plus tard.
Benjamin Christensen est impressionnant de retenue.


Rudolph Maté à la caméra.
Carl Th. Dreyer fera une courte apparition dans le film.
Thea Von Harbou (la femme de Fritz Lang)  participera à l'élaboration du scénario.

Afin de partiellement illlustrer les propos ci-dessus un texte de Rainer Maria Rilke ...
“…Works of art are of an infinite solitude, and no means of approach is so useless as criticism. Only love can touch and hold them and be fair to them. – Always trust yourself and your own feeling, as opposed to argumentation's, discussions, or introductions of that sort; if it turns out that you are wrong, then the natural growth of your inner life will eventually guide you to other insights. Allow your judgments their own silent, undisturbed development, which, like all progress, must come from deep within and cannot be forced or hastened. Everything is gestation and then birthing…”

j'essaierai de le publier en français si je remets la main sur mon livre  ...

Les oeuvres d'art sont d'une infinie solitude ; rien n'est pire que la critique pour les aborder. Seul l'amour peut les saisir, les garder, être juste envers elles. 
....
Laissez à vos jugements leur développement propre, silencieux. Ne le contrariez pas, car, comme tout progrès, il doit venir du profond de votre être et ne peut souffrir ni pression ni hâte. Porter jusqu’au terme, puis enfanter : tout est là. Il faut que vous laissiez chaque impression, chaque germe de sentiment, mûrir en vous, dans l’obscur, dans l’inexprimable, dans l’inconscient, ces régions fermés à l’entendement. 
(Lettres à un jeune poète, trad. Bernard Grasset et Rainer Biemel, p.33, Grasset/Les Cahiers Rouges, 1937) 





Didier Aslan




Titres français (incomplet)

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